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La semaine dernière, un sénateur affirmait qu’un DPE coûtait 1 000 à 1 500 €. Nous avions repris ses propos dans une brève, qui avait fait rire certains d’entre vous. Cependant, vous n’avez peut-être pas vu la séquence en entier. En réalité, l’échange est consternant :
D’abord, un sénateur confond allègrement le DPE et l’audit énergétique. Ensuite, une ministre s’adonne au DPE bashing. En outre, elle fait probablement une confusion entre MAR (Mon Accompagnateur Rénov’) et diagnostiqueur. Enfin, le troisième protagoniste met en évidence l’absurdité de la situation.
Confusion DPE et audit énergétique
Rappelons brièvement le contexte. M. Gontard défend son amendement 119 à la proposition de loi renforçant la lutte contre les fraudes publiques. Il propose de réaliser un DPE avant et un DPE après tous les travaux aidés (MaPrimeRénov’, CEE, etc.). Quand M. le rapporteur Olivier Rietmann répond, on pense assister à une comédie. En effet, il explique :
« La raison principale notamment pour laquelle je mettrai un avis défavorable […] c’est qu’un DPE, le coût d’un audit énergétique ou d’un DPE, s’élève entre 1 000 et 1 500 euros fois deux. On est entre 2 000 et 3 000 €, je trouve que la somme est quand même abusée ».
Qu’un particulier confonde le DPE et l’audit énergétique se comprend. Qu’un journaliste passionné d’écologie se trompe, c’est plus choquant. Mais que dire d’un sénateur qui croit qu’un diagnostic de performance énergétique coûte 1 000 à 1 500 € ? En prime, l’élu est manifestement déconnecté de la réalité du marché immobilier, à l’heure où tant de diagnostiqueurs galèrent pour vendre leur DPE à un prix décent.*
Deux diagnostics, deux sources de fraudes
Cela dit, on passe immédiatement de la comédie à la tragédie avec la réponse du Gouvernement, incarné par Mme Amélie de Montchalin. Elle enfonce les clous sur le cercueil du pauvre diagnostiqueur. « Si je faisais de l’humour, que certains pourraient considérer comme déplacé, deux diagnostics, c’est deux potentielles sources de fraude ».
Oui, cette remarque est assez déplacée. Et puis, la ministre n’a pas du tout l’air de faire de l’humour. La fraude dont elle parle ensuite implique-t-elle réellement des diagnostiqueurs ? C’est loin d’être certain. En effet, d’une part le DPE ne permet pas d’obtenir des aides pour réaliser des travaux (il faut un audit énergétique). D’autre part, les fraudes autour de Mon Accompagnateur Rénov’ se multiplient… Et elles se basent sur le système qu’elle décrit.
Nos confrères de Batiactu ont récemment consacré un article aux abus du MAR. Nicolas Esnault, conseiller France Rénov, explique que cette fraude se déroule en trois actes :
- Le MAR établit un audit avec l’étiquette la plus basse possible.
- Il propose au particulier des entreprises de travaux partenaires.
- Il surévalue l’étiquette DPE post-travaux.
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Consternant c’est le mot…quand les politiques ne savent pas de quoi ils parlent…Des beaux parleurs comme toujours.
Que les politiques soient des bonimenteurs est en soi consternant, mais tellement commun qu’on ne s’en émeut même plus.
Qu’ils soient de surcroît incompétents va avec l’évolution de la société : dans un article de QUOTIDIAG, il est dit que le métier de diagnostiqueur est un métier essentiellement (ou majoritairement ou quelque adverbe qui traduira la démarche qui y conduit celle ou celui qui le choisit) de reconversion et pose le manque d’expérience comme source des litiges, ce qui n’est pas faux.
Mais aucun article d’aucun quotidien ou organe de presse ne dit que le métier de politicien est un métier d’opportunisme dans lequel la compétence n’a pas droit de cité. Et pourtant, si nous avons le pouvoir d’éditer de petits documents qui ont un petit impact sur la vie de propriétaires, bailleurs ou vendeurs, parfois prompts à pleurer sur 150€ à repartir sur 10 ans, oubliant au passage de faire le lien avec le niveau financier (mensuel ou ponctuel) de la transaction que ledit document sécurise/autorise /favorise, les ministres, sénateurs, députés ont eux le pouvoir exorbitant de faire appliquer ou de faire tout court la loi. Quelle formation est la leur ? Qui la vérifie ? Quel contrôle s’exerce sur leur compétence ? Mis à part une armée de conseillers en arrière-plan, dont on ne sait rien puisqu’ils sont en arrière-plan, et dont la principale utilité et de diluer la responsabilité de l’incompétence ou la responsabilité tout court, on ne sait jamais d’où nos élites tiennent leur statut d’élite.
En résumé, nous sommes cloués au pilori par des gens qui n’y comprennent rien mais dont la parole est d’or car issue du suffrage populaire. Cet échange consternant n’est que l’illustration de cette situation consternante.