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DPE à géométrie variable malgré l’absence de fraude

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Quand le DPE d’un même bien varie selon l’opérateur, on s’empresse de penser fraude, complaisance ou incompétence. Pourtant, parfois, le diagnostiqueur veut bien faire, malgré l’absence de réponse à ses interrogations. Faute de texte réglementaire clair, de méthode adaptée à la réalité du terrain et d’accompagnement dédié, il choisit la solution la plus logique. Deux diagnostiqueurs peuvent alors faire des choix différents et tout aussi justifiés.

DPE variable selon le diagnostiqueur

En théorie, le DPE d’un même bien ne varie pas d’un technicien à l’autre, si  :

  • il n’y a pas eu d’évolution de la méthode de calcul entre-temps,
  • le propriétaire ou son représentant fournit tous les justificatifs (acte de propriété, facture des travaux réalisés, règlement de copropriété…).

En pratique, d’une part, ces conditions ne sont pas toujours réunies. D’autre part, au-delà des faiblesses de la méthode, qui laisse le diagnostiqueur libre d’utiliser ou non les valeurs par défaut pour un même logement, se pose le problème de la diversité des bâtiments (matériaux, systèmes, équipements, évolution au fil du temps et des occupants…).

De nombreux paramètres font l’objet d’interprétations. Autrement dit, l’opérateur doit choisir la solution qui lui semble la meilleure concernant, par exemple, la gestion des systèmes de chauffage et de ventilation, la surface de référence, etc. Or, ce n’est pas forcément celle privilégiée par son confrère. Ces diagnostiqueurs ne sont pas des escrocs pour autant.

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Manque d’accompagnement et de réponses

En effet, chacun sera capable de défendre ses choix en se basant sur des textes réglementaires et/ou sur le guide du Cerema. D’ailleurs, il doit les justifier puisqu’il engage sa responsabilité avec un DPE opposable. Néanmoins, les sources sur lesquelles le technicien se base, floues voire contradictoires, peuvent empêcher tout avis unanime et tranché.

Lorsqu’un notaire a des questions, il peut compter sur le CRIDON. En revanche, le diagnostiqueur est seul sur le terrain, malgré sa responsabilité. Il peut essayer d’interroger un formateur, un éventuel référent technique ou un confrère. Trop souvent, personne n’est d’accord. D’ailleurs, de nombreuses remontées ont été faites à la DHUP, en vain. Alors, l’ODI perd du temps à chercher une réponse, puis à faire au mieux avec ce qu’il n’a pas.

Quid de la norme DPE ?

La future norme DPE parviendra peut-être à clarifier les situations complexes, et donc à homogénéiser les pratiques des diagnostiqueurs. Elle pourrait ainsi mettre fin à un certain nombre d’incohérences injustement qualifiées de fraudes. Mais peut-on attendre tranquillement sa parution quand le DPE s’accompagne de tant d’enjeux ?

En prime, le DPE peut varier en fonction du logiciel et de son utilisation par l’opérateur. Or la norme ne portera ni sur les problèmes de saisie dans les logiciels, ni sur la méthode 3CL en elle-même, ni sur le volet réglementaire. Elle ne s’intéressera qu’au « geste technique ». C’est déjà ça, mais à l’heure où la profession étouffe sous les contrôles, est-ce suffisant ?

Nous rédigeons ces lignes afin d’attirer l’attention du grand public et des médias généralistes sur ces difficultés. Elles ne se résoudront pas en criant à l’escroquerie ou à l’incompétence. Mieux vaut agir pour lever ces incertitudes, puisque le diagnostiqueur n’a pas droit à l’erreur humaine. Cela passe par des textes clairs, basés sur la réalité du terrain et utilisables par tous : diagnostiqueurs, formateurs, certificateurs, éditeurs de logiciels…

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8 Commentaires

Commenter
  1. B
    bertrand de la société diagnostic consulting 5 mai 2025 - 12h10

    Dans bien des cas, le propriétaire est absent. si, représenté par un administrateur de bien ou un notaire, nous n’avons aucune information ni facture de rénovation. juste un jeu de clés.
    la nouvelle norme n’y changera rien.

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 5 mai 2025 - 12h15

      Effectivement. En revanche, ce sujet a été abordé dans le cadre des projets d’arrêtés visant à fiabiliser le DPE en luttant contre les DPE de complaisance. Il peut donc y avoir un espoir de ce côté-là.

      Répondre
      • B
        bertrand de la société diagnostic consulting 5 mai 2025 - 16h22

        nous verrons bien , mais il restera toujours les propriétaires décédés, malades, sous tutelle, ainsi que ceux qui ont acheté une maison déjà rénovée et qui ne disposent d’aucune facture. les valeurs par défaut quant à elles ne fonctionnent que sur le récent.

        Répondre
  2. S
    STEPHANE odi depuis 2006 7 mai 2025 - 18h07

    Bonjour je ne suis pas d’accord avec cette interprétation du DPE.
    En effet, pour moi, il n’y a pas d’ambiguïté lorsqu’on maitrise ce sujet.
    En effet, on n’est pas censé faire des suppositions, uniquement des constats, or la seule variable est la performance du diagnostiqueur dans cette capacité à réaliser les constats.
    En effet, la logique du DPE est établie sur une information fournie à un preneur de bien, il s’agit donc de ne pas évaluer la situation de manière favorable pour le cédant mais plutôt pour le preneur.
    Donc lorsqu’on est face à un problème de paroi de type inconnu ou la non assurance de la présence d’un isolant, la méthode 3CL par ses arbres de choix, définie clairement le choix à faire.
    Donc, sauf à vouloir obstinément favoriser un meilleur résultat, il n’y a pas de difficultés dans tous les cas.
    Ce qu’il manque c’est un ordre du métier qui veillera aux bonnes pratiques, celles qui ne sont pas écrites dans les textes et qui peuvent faire varier ces résultats d’un ODI à un autre, par exemple, le démontage de prises pour vérifier l’isolant: contractuellement, on est en droit de définir que cette charge appartient au client, qui par défaut ne nous autorise pas à procéder à des démontages pouvant engendrer des dégradations, puisqu’on ne doit pas en faire (de dégradations). Or certains se croient plus malins ou en tout cas essaye de le faire croire en procédant à ces démontages sans autorisation écrite et effectivement peuvent faire des constats que ceux qui se l’interdisent ne peuvent faire.
    Tout comme l’isolation inconnue, beaucoup croient pouvoir se permettre de sélectionner ce critères lorsqu’ils soupçonnent cette présence, sans l’avoir réellement constatée, or ce choix à un impact fort selon la date de construction. Il est certain que ce sont ces mauvaises pratiques qui créent une discrimination entre ODI.
    J’espère que la norme mettra un accent sur ce point car il faut absolument harmoniser les pratiques.
    Le problème majeur étant les inconnus qu’il faudrait idéalement pouvoir supprimer en laissant la possibilité soit à l’ODI de procéder à des sondages destructifs soit en cas d’interdiction du propriétaire, de lui permettre d’attester sur l’honneur des critères qu’il affirme (en veillant bien à le prévenir que toute erreur se retournera contre lui.
    Il y a en effet marre que le législateur tente à tout prix de nous faire porter un chapeau qui n’est pas le nôtre, entrainant ces logiques absurdes.
    Et il faudrait aussi lui rappeler aux politiques que nos clients votent et que nous devons leur expliquer ces absurdités (en tout cas moi je les rencontre la plupart du temps contrairement à d’autres, prostitués des AI), et que çà ne contribue pas à redorer leur blason …

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    • W
      William 15 mai 2025 - 14h21

      Après l’ordre des médecins dont nous pouvons voir toutes les dérives notamment au niveau financier, l’ordre des diagnostiqueurs prôné par les fédérations qui y voient l’opportunité de bon poste à prendre avec la main mise et le pouvoir sur une profession.
      Nous avons nos centres certificateurs et nos centres de formation qui malgré un cout de plus en plus élevé encadrent avec efficacité les professionnels. Ces mêmes centre de formation et de certification étant eux-mêmes contrôlé.
      Je comprends l’ambition propre des fédération a se créer une place de choix passant par l’ordre qui n’apportera rien aux diagnostiqueurs et des prébendes aux hommes de l’ordre

      Répondre
      • S
        STEPHANE 15 mai 2025 - 18h24

        Bjr, çà sent le commentaire intéressé, en effet, la création d’un ordre des diagnostiqueurs n’est pas menée ou demandée par des fédérations, ou autres individus ayant un intérêt mais juste par des diagnostiqueurs soucieux de leurs intérêts et souhaitant que ce soit cet ordre qui réorganise avec les ministères, le bordel qui y a été mis depuis le début par justement les fédérations historiques. Et bien entendu, il faudra veiller à l’organisation de cet ordre pour que cela ne dérive pas, à l’image de notre soi-disant démocratie, spoliée par une caste dirigeante et friquée au service de millionnaire ou d’entité étrangère.
        La messe est dite.

        Répondre
    • A
      Alexandre 16 mai 2025 - 1h16

      Et si on tentait de comprendre les causes, malgré la règlementation?

      Il m’est arrivé de faire une erreur, y ‘a un an, la seule, et pourtant le propriétaire d’un air plein de compassion m’avait dit  » l’erreur est humaine » …je m’en suis voulu terriblement. J’ai donc repris toute ma méthodologie à zéro pour ne plus en refaire. Je suis félicité par des cabinets thermiciens qui passent par moi pour des contrats et des propriétaires qui imposent à leur gestionnaire de passer par moi, bien que lesdites agences essaye d’imposer un confrère.
      TOUT CA POUR DIRE QUOI?
      Ce qu’il faut avant tout c’est aimer ce métier. Ne pas y aller « car j’ai fait ça avant » ou « je me reconvertis car un cabinet d’accompagnement m’a dit ça » et travailler sans cesser ses méthodes de prospections.
      C’est du boulot de vouloir se dépasser dans chaque DPE.

      Ah, et aussi, certains patrons : poussez pas à la tâche, vous êtes une des causes des DPE mal réalisés !

      Répondre
  3. L
    Laurent 15 mai 2025 - 14h46

    Je ne veux pas rajouter des problèmes aux problèmes , mais j’ai envie de m’exprimer sur le sujet. Cela me fatigue que l’on oppose le diagnostiqueur au résultat du diagnostic. En l’occurrence le DPE. Certes il y a des margoulins, des escrocs et des professionnels douteux. Mais je pense que la meilleure solution est de réaliser des contrôles sur ouvrage, démontrer les manques (l’absence) du diagnostiqueur et sévir!
    En revanche, imposer aux donneurs d’ordres, et là je désigne les agents immobiliers plus particulièrement, l’obligation de fournir les informations sur les éléments constructifs des bâtiments, de réunir les factures de travaux ou d’équipements dont nous avons besoin pour non pas améliorer le résultat du DPE, là n’est pas notre problème, mais pour rendre un DPE le plus juste possible, serait du meilleur effet.
    Il est compliqué aujourd’hui d’obtenir l’invariant fiscal…………. et dès que la lettre C voire D sort du logiciel l’agent est content car il peut louer le bien plusieurs années……… Mais si on lit le DPE, « inconnu » sur chaque mur, inconnu sur l’isolation, dates des équipements non renseignés….. Professionnellement ce n’est pas satisfaisant. Le propriétaire est lésé. L’acquéreur ou loueur n’a pas les bonnes informations. Bref tout le monde est perdant.

    Une des réalités du diagnostic de performance énergétique est qu’il faut un certain temps pour le réaliser, et un temps certain. Que ce temps il se paie. Et si on prends le temps pour trouver les informations avec nos commanditaires ainsi que sur site, les DPE seront de meilleures qualités, que les fraudeurs seront mis à l’index, et que tout le monde sera gagnant!!!

    Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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