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Diagnostiqueurs, quel avenir ? Réponse d’Henry Buzy-Cazaux

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Henry Buzy-Cazaux, expert du monde de l’immobilier, en charge du rapport sur le cursus professionnel des diagnostiqueurs, répond à nos questions. Ras-le-bol ambiant, évolution du métier et du DPE, concurrence européenne : le point de vue du président fondateur de l’Institut du Management des Services Immobiliers, membre du Conseil national de l’habitat.

Le ras-le-bol est palpable dans la profession : coûts élevés de certification et CSO, Instabilité règlementaire, Et finalement dévalorisation d’une profession étouffée par les contraintes techniques, réglementaires, financières…

Un mot sur l’évolution du métier à moyen ou (très) long terme ?

Je n’ignore pas les états d’âme de beaucoup de diagnostiqueurs, en particulier des indépendants, qui ne bénéficient pas du soutien d’une structure importante, ou qui n’exercent pas sous l’enseigne d’une franchise. Ils constituent de l’ordre de la moitié de la profession. Et j’atteste que les autres ont aussi des inquiétudes. D’où vient cette anxiété ?

Sans doute en effet, comme vous le suggérez, du décalage entre l’engagement, y compris financier, qui leur est demandé, et le manque d’estime qu’ils ressentent. Leur sérieux, quand ce n’est pas leur intégrité, est attaqué régulièrement. Il est vrai aussi que les modifications récentes du DPE les oblige à beaucoup d’agilité.

En réalité, s’ils prennent du recul, et je mesure que ce n’est pas facile quand on est au cœur de la tourmente, ce qui se passe est le fruit de l’importance cardinale que leur profession a prise.

Premièrement, ils manient des logiciels bâtis sur des options stratégiques aux conséquences lourdes. Exclure 850.000 logements du statut de passoire énergétique par simple réglage du coefficient d’énergie primaire est un enjeu colossal, comme de réévaluer les petits logements. Il ne peut pas en être autrement et pour le coup il faut savoir changer ce qui est excessivement sévère ou injuste, même au prix de l’instabilité.

Ensuite, l’encadrement de leur activité est également remis en question. La ministre a ainsi ouvert une réflexion sur l’idée d’un ordre professionnel, ainsi que sur des évolutions du dispositif actuel de formation et de certification. Elle a déjà pris des mesures de durcissement des sanctions pour les fraudeurs et de contrôle plus strict. Il faut se demander pourquoi… Les diagnostiqueurs sont les garants de la transparence dans l’immobilier et de la mise en œuvre des politiques publiques, notamment de la transition environnementale.

Mon rapport va faire des préconisations pour améliorer le dispositif actuel de formation et de certification, qui ne conduiraient pas à un bouleversement, mais sécuriseraient les actes dont les diagnostiqueurs sont responsables. D’évidence, la situation n’est pas satisfaisante, avec un corps professionnel qui manque d’homogénéité. Par ailleurs, il importe, et la ministre a voulu étudier cette évolution. Et qu’on puisse choisir ce métier au stade du baccalauréat ou plus tard, et s’y préparer en suivant des cycles d’enseignement supérieur long.

En somme, tout ce qui trouble les diagnostiqueurs ne doit pas les inquiéter, mais plutôt renforcer la fierté dans leur métier. L’avenir de cette profession est assuré et j’atteste que de plus en plus de jeunes ont envie de l’exercer, ce qui en dit long sur son attractivité et sur ses perspectives.

Dans l’esprit de nombreuses personnes, diagnostic immobilier = performance énergétique. Et le DPE n’a pas toujours bonne presse. Que dire du plan actuel de fiabilisation du DPE ? Comment envisager l’avenir du DPE ou de l’audit énergétique ?

La ministre a présenté son plan comme visant à fiabiliser le DPE. Certaines mesures avaient exclusivement cette finalité. D’autres tendent plutôt à fiabiliser la pratique des diagnostiqueurs ! En clair, le DPE est aujourd’hui sur le devant de la scène, parce que son impact direct est tangible pour les ménages. On parle d’interdiction de louer ou de perte de valeur et même de liquidité des passoires thermiques.

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En réalité, tous les diagnostics obligatoires portent des enjeux sanitaires considérables, qu’il s’agisse d’indécence ou de dangerosité. Le manque de rigueur d’une détection de plomb ou d’amiante ou un constat approximatif touchant la conformité d’une installation électrique peuvent emporter des conséquences bien plus graves qu’un DPE erroné. Le sujet est donc surtout pour les pouvoirs publics de créer les conditions d’un service irréprochable de la part des professionnels.

Si un doute affecte les constats ou les préconisations des diagnostiqueurs, ce sont les politiques publiques elles-mêmes qui sont frappées de discrédit. Ne nous voilons pas la face. C’est ce qui se passe aujourd’hui et la ministre du Logement ne pouvait laisser la situation en l’état.

Deux sujets vont faire l’objet de rapports exploratoires que la ministre va recevoir. L’un du député Daniel Labaronne sur la pertinence d’un ordre professionnel des diagnostiqueurs. L’autre (qui m’a été confié) sur l’enrichissement de l’offre de formation. La ministre a déjà pris des mesures. Comme l’aggravation des sanctions pour les DPE frauduleux, l’identification des DPE par QR code pour vérifier sa bonne inscription sur la plate-forme de l’ADEME. Ou encore le contrôle grâce à l’intelligence artificielle des DPE non réalisés. Et pour lesquels on a un rapport de complaisance émis et éventuellement même porté sur le site de l’ADEME, qui les consigne tous.

Des audits des professionnels concerneront 10.000 d’entre eux en 2025, chaque diagnostiqueur étant ensuite contrôlé une fois par an. Certaines mesures imaginées sont moins faciles à mettre en œuvre. Comme le décalage entre l’établissement du DPE et sa présentation au client pour éviter les pressions ou encore la géolocalisation. En somme, le plan se met en place et va améliorer sans conteste la fiabilité du DPE. Et plus largement la qualité de service des diagnostiqueurs.

Quant à l’avenir du DPE, il va passer par des évolutions qui devront s’ajuster sur le DPE européen, prévu par la directive du 24 avril 2024. Elles entreront en vigueur en 2026. Au demeurant, cette harmonisation est souhaitable. Elle stabilisera l’outil, que chaque pays ne pourra plus modifier de façon isolée.

Un décret publié le 10 août autorise les ressortissants de l’UE à réaliser des DPE en France. Conditions : qualification, compétence technique et connaissance de la langue française. Qu’en est-il de la certification ?

Au terme de l’arrêté qui vient de paraître sur la libre prestation de service des diagnostiqueurs étrangers exerçant en France, deux cas de figure.

Soit ils viennent d’un pays dans lequel existe une règlementation, et on considère qu’il y a équivalence, sans besoin de certification.

Soit aucune réglementation n’a cours dans le pays d’origine du diagnostiqueur. Celui-ci doit alors se rapprocher d’un organisme certificateur en France. Cet organisme devra établir l’équivalence sur la base des diplômes, de l’expérience et de la maîtrise de la langue française de la personne prétendue autorisée à réaliser des DPE chez nous.

J’anticipe une autre question : les diagnostiqueurs français doivent-ils craindre la concurrence de leurs confrères des pays voisins ? La compétence des professionnels français est probablement la plus assurée… en dépit des marges de progrès ! À cet égard, ils sortent du lot.

En revanche, il faudra veiller à ce que le dumping ne fausse pas le jeu. En particulier de la part de pays dans lesquels le droit social est moins exigeant. Ce qui constitue déjà un problème entre confrères français. Pour le coup, il est certain qu’une organisation ordinale protègerait davantage les diagnostiqueurs de notre pays…

Enfin, aucune raison de redouter de la part des organismes certificateurs chez nous des faiblesses ou une indulgence coupable. Si tel était le cas, ils se porteraient à eux-mêmes un préjudice qui compromettrait leur raison d’être.

Propos recueillis le 13 septembre 2025

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2 Commentaires

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  1. V
    Virginie 18 septembre 2025 - 15h15

    Réponse à l’article sur la profession de diagnostiqueur immobilier

    Je me permets de réagir à votre article concernant notre profession de diagnostiqueur immobilier.
    Il est essentiel de rappeler que nous faisons déjà face à un grand nombre d’obligations et de contraintes, souvent bien plus lourdes que dans d’autres métiers.

    Nous sommes l’une des rares professions à devoir justifier en permanence de notre capacité à exercer, non pas à travers un diplôme reconnu à vie, mais par un certificat de compétence renouvelable. Chaque jour, nous devons prouver notre légitimité à travailler, alors que d’autres professions bénéficient d’une reconnaissance définitive.

    À cela s’ajoutent :

    Une pression concurrentielle forte,

    Des charges en constante augmentation,

    Et surtout, la flambée de nos assurances RCP.

    Sur ce dernier point, il faut être lucide : il n’existe en réalité que deux acteurs principaux sur le marché (Allianz et AXA). Peut-on réellement parler de liberté de choix quand l’offre est aussi réduite ? Les diagnostiqueurs sérieux, soucieux de la qualité de leur travail, n’ont d’autre option que d’accepter ces hausses, faute d’alternative.

    Par ailleurs, depuis que le DPE est devenu opposable, les mises en cause par les acquéreurs se multiplient. Ces procédures fragilisent notre métier et touchent en priorité ceux qui exercent avec rigueur et professionnalisme.

    Pour ma part, j’ai suivi une formation longue, j’ai débuté en 2003 et depuis 2013 je dirige seule ma petite entreprise. J’ai eu la chance de construire mon activité par passion plus que par appât du gain. Mais aujourd’hui, je ressens une véritable lassitude. Notre profession est prise en otage, transformée en bouc émissaire, parfois même en chair à canon.

    Or, tout le monde semble oublier une évidence :

    Sans diagnostiqueurs, aucune transaction immobilière n’est possible, donc pas d’acte notarié.

    Sans diagnostiqueurs certifiés mention, aucun chantier ne peut débuter, ni avant travaux ni avant démolition.

    Nous sommes un maillon indispensable de la chaîne immobilière et du BTP. Il est temps que cette réalité soit reconnue et respectée, au lieu de fragiliser encore davantage une profession déjà sous pression.
    Je reste bien entendu joignable si vous souhaitez en discuter et recueillir le point de vue d’une diagnostiqueur de terrain.

    Répondre
  2. R
    RAYMOND 30 septembre 2025 - 10h21

    cette synthèse est mediocre ,peu convaincante ,revelatrice de son ignorance de la profession .
    Ses affirmations sont erronées et ne reflètent pas la réalité de notre profession.
    De plus, ses propositions ne correspondent pas aux exigences & contraintes de notre profession.
    Il semble également avoir une aversion pour les travailleurs indépendants, ce qui est compréhensible venant d’un pseudo fonctionnaire.
    En ce qui concerne les conditions d’accès pour les étrangers souhaitant exercer en France c est tout a fait revelateur de ce que nous subissons.,
    il est paradoxal qu’un Français doivent justifier et payer en permanence pour obtenir le droit de travailler, alors qu’une simple équivalence, non vérifiable sera suffisante pour les autres..
    il est ecrit::
    –Celui-ci doit alors se rapprocher d’un organisme certificateur en France. Cet organisme devra établir l’équivalence sur la base des diplômes, de l’expérience et de la maîtrise de la langue française
    –Finalement tout est dit. Un Français doit justifier, payer son droit de travailler chaque jours pour les autres une simple équivalence non justifiable est suffisante de facon permanent & « gratos »..
    Alors pourquoi ne pas choisir une juste solution; valider les diplômes et l experience des Français aussi !!!
    pourquoi les Français doivent t ils toujours subir les privilèges donnes au reste de l Europe, globalisons tout..

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Article rédigé par Laure, rédactrice de Quotidiag
Diplômée en droit, ex-clerc de notaire nichée Vente et Copropriété, elle a fait le choix de la liberté en 2021. Rédactrice toujours, mais indépendante : c’est tout naturellement que le diagnostic immobilier s’est imposé à elle.

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