revenir à l'Accueil
TribuneToute l'actualité

Contre-argument à Complément d’Enquête – La réponse d’un diagnostiqueur immobilier

Partager cet article sur
Écouter cet article dès maintenant
en vous abonnant à Quotidiag
1x

0:00 / 5:00

Par Samir Zanoun, dirigeant de l’entreprise LE DIAGNOSTIC PRO

Le reportage de « Complément d’Enquête de France 2 » soulève des problématiques importantes autour du DPE, mais il contient également des imprécisions et des raccourcis qui méritent d’être rectifiés. En tant que diagnostiqueur immobilier, je souhaite apporter un éclairage plus juste sur notre réalité professionnelle.

1. LE DPE ET LA PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE : UNE CONFUSION DES RESPONSABILITÉS

L’exemple de la famille vivant en montagne dans un logement mal isolé met en avant une situation de précarité énergétique. Mais attribuer la faute aux diagnostiqueurs est une erreur.

Le rôle du DPE est d’informer sur la performance énergétique d’un bien, d’estimer les charges et de recommander des travaux. Nous ne faisons ni la politique énergétique, ni les réformes gouvernementales et nous ne pouvons contraindre nos prescriteurs à rénover leur bien mal isolé…

2. DES ERREURS FACTUELLES DANS LE REPORTAGE DONT PLUSIEURS INEXACTITUDES SONT À NOTER

– Sur l’évaluation des logements avant 1948 : Contrairement à ce qui est sous-entendu, ce ne sont que les logements qui étaient évalués sur la base d’une méthode dite sur factures. Depuis 2021, c’est fini, maintenant c’est la méthode conventionnelle DPE-3CL.

– Sur les « constatations » des diagnostiqueurs : Le reportage laisse croire que nous nous basons sur de simples observations subjectives, alors que le DPE est « opposable » et repose sur des données objectives dont nous sommes responsables.

– Sur le calcul de la note, ce n’est pas le diagnostiqueur qui « donne une note ». Il collecte des données, qui sont ensuite traitées via un algorithme de calcul traité dans un logiciel lui-même validé par la DHUP.

3. UNE MISE EN LUMIÈRE PARTIALE DU DIAGNOSTIC IMMOBILIER

Le reportage met en avant un diagnostiqueur qui se trompe dans sa mission, occultant le fait que 8 diagnostiqueurs sur 10 ont fourni des résultats corrects. Pourquoi ne pas avoir souligné cet aspect positif ?

De même, le passage sur les agences immobilières sous-entend une complaisance généralisée des diagnostiqueurs, alors que nous sommes indépendants et impartiaux, comme l’exige l’article L 271-6 du Code de la construction et de l’habitation.

Lorsque plus de la moitié de votre chiffre d’affaires dépend des agences immobilières, il devient parfois difficile de résister à certaines pressions – une réalité que je déplore profondément.

4. L’IA ET LA FIABILITÉ DES DPE : UNE PRÉSENTATION BIAISÉE

Le reportage fait la promotion d’une société utilisant une intelligence artificielle pour « vérifier » les DPE. Or, l’étude sur laquelle s’appuie cette start-up est fausse…

Une approche scientifique aurait exigé de se baser sur des études fiables, comme celle du Conseil d’Analyse Économique (CAE), qui estime que les effets de seuil entre les notes sont minimes.

5. LES CONTRÔLES ET LES RÉGLEMENTATIONS : UN ASPECT SOUS-ESTIMÉ

Le reportage laisse entendre que le secteur manque de rigueur. Pourtant :

– Depuis 2023, les contrôles ont été renforcés, avec une obligation d’un contrôle annuel et d’une formation continue.

– La DGCCRF, dans son rapport du 02/09/2022, concluait que la plupart des entreprises respectaient leurs obligations je cite « Globalement, les entreprises contrôlées respectaient leurs obligations concernant les formations et les certifications. En revanche, des irrégularités ont été constatées quant à l’information précontractuelle du consommateur et la signature en ligne ou à domicile des contrats de vente ».

6. UN MÉTIER BIEN PLUS VASTE QUE LE SEUL DPE

Le reportage se focalise que sur le DPE, et pas sur le rôle majeur du diagnostiqueur immobilier qui va bien au-delà, entre autres :

  • Fiabiliser les transactions immobilières en fournissant des informations claires et objectives.
  • Prévenir les vices cachés.
  • Informer des risques du bâti pour assurer la sécurité des occupants.
  • Rassurer acquéreurs et locataires** en leur offrant une vision transparente de leur futur logement.

Le reportage de *Complément d’Enquête* manque d’équilibre en ne présentant qu’un aspect partial du diagnostic immobilier. Plutôt que de stigmatiser un métier, il aurait été plus utile d’explorer toutes les pistes d’amélioration réelles et les efforts déjà engagés pour fiabiliser encore davantage nos missions depuis la création du rapport de diagnostic énergétique en 2006…

Autres précisions

En plus de ce contre-argument, une évidence saute aux yeux : on se focalise quasi exclusivement sur le DPE, alors qu’il n’en représente qu’une infime partie des missions du diagnostiqueur.

– Pourtant, nous assurons la sécurité des occupants contre le saturnisme : Diagnostic Plomb.

– Pourtant, nous prévenons les risques d’électrisation : Diagnostic Électrique.

– Pourtant, nous protégeons les habitants contre les fuites de gaz : Diagnostic Gaz.

– Pourtant, nous sécurisons les lieux face à la présence d’amiante : Diagnostic Amiante.

– Pourtant, nous luttons contre les insectes nuisibles qui dévorent le bois : Diagnostic Termites.

– Pourtant, nous veillons à la prévention des risques naturels et des pollutions : État des risques et des pollutions.

Notre métier va bien au-delà de la simple utilité publique : il garantit certes la fiabilité des transactions et des locations, mais il protège surtout les occupants au quotidien !

Partager cet article sur

6 Commentaires

Commenter
  1. F
    François-Eric de la société DIAG 33 24 mars 2025 - 12h31

    Ce qui manque dans ce reportage, et dans presque tous d’ailleurs, c’est le rapport. On ne voit pas les DPE fait par ces diagnostiqueurs.

    Dans le lot, il y en a peut être qui se couvrent en ne transmettant pas à l’ADEME. Expliquer que sans transmission à l’ADEME, ce n’est pas un DPE, ça prend 30 secondes, et ça donne une information très importante.

    Montrer le rapport, ça permet de montrer au public comment vérifier certaines choses facilement sans avoir besoin de compétences particulières.

    L’autre élément qui me dérange c’est cette fixation sur la lettre, en laissant de côté le chiffre en kWh. A 256 kWh ou à 320 kWh, je suis en E, mais dans un cas je peux passer en D très facilement, et dans l’autre un peu moins.

    Répondre
  2. G
    Gilles 25 mars 2025 - 0h34

    Malheureusement tres souvent les diagnostics sont bidons. Les diagnostiqueurs passent à côté d’anomalies critiques (par exemple fil électrique non gainé courant le long d’un tuyau d’eau en plastique).Ne pouvant sonder les murs on tapote dessus pour définir les matériaux de construction (très sceptique). On ne s’intéresse pas à la qualité de l’ isolant mis en place (le fameux R) qui pourtant est primordial. Quand au contrôle de l’ amiante je n’ ai jamais vu un contrôleur montait sur le toit pour aller faire un prélèvement. Les buts du diagnostic sont de donner du travail à des personnes qui pour faire de l’argent les enchaînent les uns derrière les autres et de faire rentrer de l’ argent dans les caisses de l’état (TVA et cotisations). Le vrai DPE c’est est la facture de chauffage.

    Répondre
    • C
      Cyril 25 mars 2025 - 9h22

      Bonjour, déjà un commentaire d’une personne qui ne connait pas la réalité des missions des diagnostiqueurs. Ils respectent les normes et points de contrôles associés. A ne pas confondre les diagnostics de mise en sécurité et la conformité d’une installation à la norme du neuf. Le « vrai DPE » n’est certainement pas la facture, il n’y a qu’à analyser les DPE « sur factures » des bâtiments anciens <48 réalisés entre le 01 mai 2013 et le 30 juin 2021. Une longère de 300m² occupée par un couple qui ne chauffe que 80m² et vous obtenez n'importe quoi. La méthode DPE est fiable si les données saisies respectent l'ordre de priorité imposé par la règlementation (visuel, justificatifs, par défaut l'année).
      Le reportage comporte de nombreuses erreurs, les "journalistes" orientent le sujet pour faire le buz ! C'est ainsi depuis longtemps sur tous les sujets.
      Un volet sur "comment" choisir son diagnostiqueur, préparer sa venue aurait permis d'éduquer le consommateur.
      C'est un regret ce manque !

      Répondre
    • S
      Sam de la société Le Diagnostic Pro 29 mars 2025 - 10h22

      Bonjour,

      Venez me suivre  » vis ma vie » de diagnostiqueur, je me ferais une joie de vous expliquer tout ce dont vous pensez connaitre… En plus, je suis l’auteur de l’article… On pourra débattre sur le terrain et lors de la rédaction du rapport des différents aspects de mon métier et de ses obligations règlementaires. 😉

      Répondre
  3. V
    Vincent 27 mars 2025 - 18h02

    Bien évidemment, je rejoins tous les commentaires, sauf celui de Gilles. Nous ne pouvons pas généralisé sur des diagnostics « bidons ». La solution est simple, j’invite tous ceux qui considèrent que les diagnostics ne valent rien et que ceux qui les réalisent sont incompétents à suivre un diagnostiqueur sur une mission précise. Peut être se rendront ils comptent de leurs jugements erronés…
    Je trouve dommage que l’on ne mette pas assez en avant les agents immobiliers et les négociateurs immobiliers d’études notariales dans ce phénomène de « fraudes au DPE ». Ils ont malheureusement un rôle dans tous cela car pour l’avoir souvent entendu et vécu, il n’est pas rare du tout qu’un agent immo ou qu’un négo d’étude notariale insistent lourdement pour que l’on change la note à leur avantage… L’un d’entre eux m’a même proposé de l’argent une fois en échange d’un classement D… Ils ne sont pas tous comme ça, heureusement, mais pour un ODI débutant, qui n’a pas encore les reins solides et qui cherche du CA, entendre régulièrement : »si tu ne me mets pas un D je ferais travailler quelqu’un d’autre », ça pourrait être tentant…

    Répondre
  4. S
    STEPHANE 28 mars 2025 - 10h48

    Moi j’ai surtout retenu qu’il y a encore beaucoup de mauvais diagnostiqueurs ou alors ils les ont choisis sur la base du prix le plus bas … ça n’est pas évoqué.
    et que le documentaire montre surtout que nous sommes environnés par des acteurs faisant pression sur notre métier ce qui montre au peu de téléspectateur qui ont pu le voir (vu l’heure de diffusion) que nous ne sommes pas les seuls responsables.
    Après , j’observe que la semaine que je viens de passer suite au documentaire a été difficile malgré ma vertu car j’avais les proprios sur le dos tout le long pour surveiller mes pratiques, ce qui n’est pas aussi habituel. J’ose imaginer les emmerdes qu’on subi les margoulins habituels mis devant leur incompétence ou leur laxisme.
    Au final, ce type de reportage ne peut faire que du bien si ça permet d’éveiller le public sur sa vigilance et son choix car ça réoriente les affaires vers ceux qui cherchent à bien travailler.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par auteurtribune,

Synthèse de la réunion au ministère du Logement (ONEDI, CP)

Previous article

Performance énergétique et RGE : arrêté du 17 mars 2025

Next article