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Climat et parasites du bois, la grande invasion ?

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La connectivité et le changement climatique déterminent la répartition mondiale des termites très envahissants. Tel est le titre, traduit en français, d’un récent article scientifique paru dans la revue Néobiota. Les chercheurs y recommandent la mise en place de stratégies préventives. En effet, ils annoncent une invasion d’insectes xylophages, dans les grandes métropoles. Profitons-en pour nous interroger sur le risque mérule. Le réchauffement climatique peut-il favoriser sa prolifération ?

Termites, 3 facteurs d’invasion biologique

Edouard Duquesnes et Denis Fournier font partie du Laboratoire Évolution Biologique et Écologie (EBE) de la Faculté des sciences. Dans l’étude scientifique Connectivity and change drive the global distribution of highly invasive termites, ils font des pronostics alarmants. Les espèces de termites envahissantes vont coloniser les grandes villes, principalement à cause :

  • du changement climatique,
  • du commerce et du transport,
  • des activités socio-économiques.

En fait, le lien entre le réchauffement climatique et la présence de termites est connu de longue date. Toutefois, l’étude se distingue par sa modélisation des scénarios futurs à partir des espèces les plus envahissantes.

Activités humaines et espèces de termites

Historiquement, les termites sont arrivés à bord de bateaux commerciaux contenant du bois. Ce risque est moindre aujourd’hui puisqu’il y a des mesures de biosécurité. Cependant, les yachts, les voiliers et autres bateaux privés peuvent encore les véhiculer. De plus, certains d’entre eux transportent des meubles en bois potentiellement contaminés.

Une précédente étude, Ship traffic connects Antartica’s fragile coasts to worldwide systems, alertait sur le risque d’invasion biologique en Antarctique, à cause des bateaux de pêche et de tourisme. Mais les termites ont peu de chances de s’y installer, car le climat y est inapproprié et l’habitat humain inexistant. Au contraire, certaines espèces devraient se plaire dans des régions densément urbanisées. Au niveau mondial, il y aurait un risque élevé pour ces familles et espèces :

  • Kalotermitidae : Cryptotermes brevis, Cryptotermes domesticus, Cryptotermes dudleyi, Cryptotermes havilandi, les Incisitermes immigrans et Incisitermes minor.
  • Rhinotermitidae : Coptotermes formosanus, Coptotermes gestroi, Reticulitermes flavipes.

L’intensification de l’urbanisation facilitera également l’extension des termites. D’après les données du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat des Nations Unies (DESA-EN, 2020), d’ici 2030, 60 % de la population mondiale résidera dans des villes. Ces changements d’utilisation des terres façonnent la distribution des espèces.

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Climat et parasites, quid de la mérule ?

On soupçonne parfois le changement climatique de favoriser l’extension progressive de champignons lignivores, dont la mérule. Toutefois, à ce jour, aucun lien scientifique n’a été démontré. Contrairement aux termites, la mérule se développe uniquement en fonction des caractéristiques du bâti. Il lui faut un taux élevé d’humidité, etc. Il existe toutefois un lien indirect, via la rénovation énergétique des logements et les réhabilitations de bâtiments.

En effet, les travaux de rénovation énergétique peuvent générer des problèmes d’humidité et de ventilation. Nous vous renvoyons ici à l’article Mérule et rénovation énergétique, peut-il y avoir un lien, du réseau Xylodiag. Il aborde ce sujet de façon claire et concise. Par ailleurs, selon un responsable d’agence immobilière en Bretagne, cité par Franceinfo, la présence de mérule concernerait aussi des constructions neuves. Il semble donc y avoir un travail pédagogique à faire auprès des particuliers bricoleurs et des artisans.

Nécessité d’un diagnostic mérule obligatoire ?

La difficulté tient en partie au refus collectif d’agir face au risque mérule. Il semble y avoir une forme de déni à toutes les échelles, du particulier jusqu’aux pouvoirs publics. Comme nous l’expliquait la victime Nathalie Havard l’été dernier :

  • le particulier cache sa présence avec des travaux, puis revend le bien ;
  • le propriétaire ne déclare pas toujours la présence de la mérule ;
  • le préfet peut refuser de prendre un arrêté malgré une déclaration en mairie.

Quant au ministère chargé de la Ville et du Logement, il se contente de répéter que le dispositif législatif issu de la loi ALUR est efficace. Pourtant, les cartes du Cerema lui donnent plutôt tort. Le 29 décembre 2022, en réponse à la sénatrice Annick Billon, il fournissait un autre argument. Selon lui, un diagnostic mérule « nécessiterait la dépose et le démontage d’éléments, avec des sondages destructifs, contrairement à l’état relatif à la présence de termites qui ne concerne que les parties visibles du logement. »

Prendre conscience du risque parasitaire

Pour les auteurs de l’étude sur les termites en tant que menace mondiale, des mesures de contrôle sont attendues au plus vite. « Les grandes villes, en particulier dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées, devraient rapidement mettre en œuvre des mesures rigoureuses de lutte contre les termites et des initiatives citoyennes pour prévenir et détecter d’autres invasions avant que des dommages irréversibles ne se produisent. »

Les chercheurs insistent en effet sur les deux acteurs majeurs : les pouvoirs publics et les citoyens. Si la France semble mieux armée face au risque termites que d’autres pays, la vigilance restera de mise au cours de la prochaine décennie. Quant à la lèpre des maisons, elle est, à l’instar du risque d’exposition à l’amiante, l’un des angles morts des rénovations énergétiques. L’obligation de réaliser un état parasitaire finira-t-elle par s’imposer ?

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1 Commentaire

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  1. F
    François-Eric de la société DIAG 33 14 mai 2024 - 13h30

    Je suis d’accord avec le ministère quant à la difficulté de réaliser un diagnostic mérule. Quand on a parlé du risque mérule et du diagnostic il y a quelque années, je me suis imaginé comment faire ce diag, et ça m’a inquiété parce que je ne vois pas comment faire ce diagnostic dans de bonnes conditions ; que ce soit pour protéger l’auteur du diagnostic, et en même temps faire un diag qui soit utile et pas rempli de réserves sur le non visible.

    Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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