en vous abonnant à Quotidiag
Dans le cadre de la certification DPE, l’organisme de certification a demandé au diagnostiqueur d’organiser son propre contrôle sur ouvrage (CSO) a posteriori. Le contrôleur a constaté deux écarts non critiques et un écart critique, que l’opérateur conteste. En attendant un nouveau retour du Cofrac, il nous raconte son histoire, car « si chacun remonte les problématiques, ça fera peut-être bouger les choses positivement pour tout le monde ».
Êtes-vous un diagnostiqueur débutant en DPE ?
Je réalise des diagnostics immobiliers depuis un peu plus de 3 ans. J’ai passé toutes mes certifications, sauf le DPE avec mention, courant 2021. Je les ai eues du premier coup. J’ai d’abord été salarié dans un gros groupe, puis j’ai rejoint une franchise très connue en France.
Le gros groupe est spécialisé dans l’amiante et la franchise l’est plutôt dans les diagnostics réalisés pour des particuliers. Cela m’a permis de peaufiner vraiment mes connaissances sur l’ensemble de ces éléments. Aujourd’hui, je suis en cours de création de ma société. J’ai fait la déclaration et j’attends le Kbis.
Que s’est-il passé avec le CSO a posteriori ?
En fin d’année 2024, j’ai été obligé de faire le CSO a posteriori pour le DPE. Je me suis inscrit dans le courant de l’été 2024. De mémoire, j’ai payé 888 €. C’est une somme conséquente, mais ça fait partie du « jeu ». L’été se passe. Au mois de novembre, le monsieur qui doit réaliser le contrôle m’appelle. Il m’annonce que le CSO peut se faire dans la semaine.
Il me demande de choisir le jour, le bien immobilier, etc. J’avais le choix entre quatre logements, à partir des consentements recueillis. Je choisis le logement d’une cliente. Il me dit que c’est à moi d’appeler la dame pour convenir du rendez-vous. Je lui téléphone. Très gentille, elle me répond qu’il n’y a aucun souci et nous nous mettons d’accord sur un rendez-vous.
Pourtant, dans l’arrêté du 20 juillet 2023, l’OC doit contacter le client du diagnostiqueur et organiser le CSO (annexe I, 2.5.3) ?
Oui, j’étais étonné, en tant que client de l’OC, qui paye cher son CSO, de devoir tout organiser moi-même. Mais à la limite, si ça se passe bien, pourquoi pas ?
Et ça ne s’est pas bien passé…
Le contrôleur avait l’air accessible sur le terrain. Mais finalement, il constate deux écarts non critiques et un écart critique. Pour les écarts non critiques, je n’avais pas pris en compte les cloisonnements. J’ai toujours été habitué à déduire les cloisonnements des surfaces habitables et de référence. Il m’a dit qu’il fallait les compter dans les déperditions.
Bon, j’ai cherché et j’ai vu que c’était écrit dans le dernier Guide à l’attention des diagnostiqueurs, alors admettons. Dans cette maison, j’avais une cage d’escalier qui donnait sur un sous-sol. C’étaient des cloisons en placo, donc isolées sur ma cage d’escalier. Selon lui, je suis resté sur le niveau de la cage d’escalier et il fallait prendre en compte tout le sous-sol.
Je lui ai expliqué qu’en plus de 3 ans et 1 600 DPE réalisés, je n’avais jamais fait comme ça. Il me répond que sur les appartements, ma méthode est bonne, mais pas sur les maisons. En fait, j’ai voulu que ça représente quelque chose de cohérent, y compris pour le client. J’ai essayé de lui expliquer mon raisonnement, mais il n’a pas cherché à comprendre.
Vous contestez donc cet écart critique ?
J’ai simulé mon DPE derrière et ça ne change rien à la note. C’était un DPE qui était en D et qui reste en D. Seule la méthode change, mais pas le résultat. Avec cet écart critique, je suis obligé de faire un cas test qui engendre des coûts supplémentaires. En plus, étant en création d’entreprise, je dois me procurer le logiciel pour le cas test. J’ai donc fait une réclamation auprès de l’OC et du Cofrac. J’ai eu des retours.
Quels étaient ces échanges avec l’OC et le Cofrac ?
Le 16 décembre, j’ai transmis ma réclamation à l’OC en disant qu’il y avait une insatisfaction et en expliquant la situation. Pour moi, il n’y a pas une grosse anomalie justifiant un écart de niveau 2. En plus, j’ai organisé le CSO alors que ce n’était pas à moi de le faire.
La responsable d’exploitation de l’OC m’a contacté le 24 décembre, le soir du réveillon. Elle avait un ton très hautain et j’avais l’impression qu’elle se moquait de moi. En gros, ils ne reviendront pas sur leur décision et puis elle m’a dit que ce n’était pas bien grave, j’avais juste à faire le cas test.
Pour le Cofrac, ils m’ont répondu : « si l’organisme [de certification] ne vous répond pas dans un délai raisonnable, ou si la réponse apportée n’est pas en conformité avec les exigences d’accréditation, vous pouvez alors faire une réclamation ». Précisément, j’ai eu un retour du service qualité de l’organisme.
J’ai donc à nouveau écrit au Cofrac en joignant le courrier. Le service qualité m’écrit que leurs charges sont trop élevées et m’indique les barèmes des sanctions constatées. Il ne me dit pas comment le CSO arrive à un écart de niveau 2. Il prétend aussi que c’était bien à moi d’organiser le CSO. Là, j’attends sans grand espoir une nouvelle réponse du Cofrac. Je dois passer le cas test la semaine prochaine.
C’est l’aspect financier ou la sanction qui vous dérange le plus ?
Les deux. D’abord, j’admets que nous ne faisons pas tout comme il faut. Personne n’est parfait. Mais nous n’avons pas droit à l’erreur ni même aux explications. C’est la sanction permanente, rien d’autre. Ce n’est pas ça qui nous aidera à progresser ni à harmoniser nos pratiques. Il n’y a aucune discussion possible. J’ai l’impression qu’ils veulent uniquement faire du commercial. Et financièrement, c’est très compliqué aussi.
J’ai dépensé 888 € pour un jour de CSO. J’ai payé 300 € pour le cas test et 300 € pour le logiciel, donc j’approche déjà des 1 500 €. En prime, en 2025, on remet ça. J’ai encore 5 dossiers à fournir pour le DPE, qu’ils ne vont pas étudier gratuitement. J’ai également tous les autres domaines de certification. On paye pour travailler et c’est à se demander pourquoi on travaille. Et puis, je n’ai pas le choix, car sans la certification DPE, je me tire une balle dans le pied alors que je viens de créer ma boîte.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
J’attends le retour du Cofrac et je me prépare à passer le cas test en croisant les doigts. Si ça n’aboutit pas, j’essaierai de voir du côté de la DHUP et du ministère. J’ai aussi contacté un autre centre de certification. Je voulais témoigner pour pousser un coup de gueule, mais aussi pour faire évoluer les choses. Si chacun d’entre nous remonte ces problématiques, peut-être que ça évoluera positivement pour tout le monde, nous et nos clients.
Déjà ce n’est pas au certifié de faire le choix du bien sur lequel se fait son CSO mais à l’OC (cd Ch 2.5.3, 3eme alinéa).
Effectivement à la suite de cet alinéa il est précisé que c’est à l’OC de s’occuper de la planification du RDV même si les OC que je connais le font faire au contrôlé pour plus de praticité.
Pour ce qui est de la saisie de la surface déperditive des murs l’arrêté du 20/07/23 est clair, il ne précise rien sur la prise en compte de l’emprise des cloisonnements, il évoque juste la surface de ces murs quoi doit avoir à minima un écart d’au moins 10% avec la réalité pour pouvoir être jugé d’écart critique. Même sur de petites pièces (disons 2 pièces contiguës de 3m x 3m) 10% d’écart de surface cela voudrait dire une non prise en compte d’une épaisseur de …. 0.6m … On n’est donc plus sur du cloisonnement mais sur des murs en pierres de 60 cm. Et pour être qualifié d’écart mineur le dit cloisonnement devrait avoir un écart avec la réalité d’au moins 5% soit 30 cm d’épaisseur dans notre exemple. La non prise en compte ou la prise en compte d’un cloisonnement, même de 15 cm d’épaisseur dans l’exemple pris serait qualifié de …. rien du tout. Voilà donc pour le 1er non écart.
Concernant l’écart de prise en compte des LNC sur un seul niveau effectivement, l’arrêté algo dit bien que cela ne concerne que les circulation communes d’une part et uniquement celles des locaux d’habitation collectifs.
Les deux écarts n’ont pas du être pris en compte comme étant critiques car en CSO à postériori c’est un écart de niveau 3 qui amènerait à un deuxième CSO sous un mois.
Courage pour la suite.
Ce qui prouve une fois de plus que les OC peuvent impunément interpreter les arrêtés comme bon leur semble… Et que le COFRAC est à notre niveau d’une inutilité crasse !
Allo Houston, nous avons de GROS problèmes !!!
Et bien courage mon gars. Un exces de zèle probablement mais sans discussion possible c’est fou!
Bien venu dans la mafia
Du racket organisé ! Diagnostiqueur le seul métier ou il faut payer pour avoir le droit de travailler ! C’est un aberration qui doit cesser vite.
QUE FAIRE?..C est bien la que la solidarité devrait fonctionner; demander a 2 ou 3 confrères de refaire le DPE & analyser les écarts ..après sous forme de pétition argumentée envoyer le résultat a l’organisme de certification..au cofrac a l ademe & fonctionnaires associes. Normalement a ce stade il doit y avoir une reaction, le cas echeant transmettre le dossier a ton conseil.Globalement faut pas rester seul, mais les speudo syndicat du diag sont totalement inutiles, faut rencontrer tes confreres locaux..
Salut! Petite couche syndicaliste: l’absurdité des cycles de certification: l’état accrédite les OF pour qu’il nous forment – avec les diplômes d’Etat en plus ( BTS et LP), mais ne leur fait pas confiance – il demande les OC de revérifier derrière. Mais il ne fait pas confiance aux OC, non plus, car il les demande de nous revérifier au bout d’un an pour la surveillance documentaire – il a peur qu’on oublie…, Après l’état et OC ne sont tellement pas sûrs d’eux, qu’ils demandent à repasser aussi la surveillance « sur l’ouvrage » … Quelqu’un aurait cru que même un paranoïaque aurait été satisfait, mais le marasme continue : L’Etat revient sur sa décision et considère que l’OF accrédité, y compris une université, ne peut pas faire son travail bien , et demande qu’on repasse une semaine de formation supplémentaire ( il parait que supplémentaire est souvent ou toujours la même), puis un « tutorat ». ET quoi? croît-on que c’est tout? Mais notre Etat est non seulement paranoïaque et marasmatique – il a aussi l’Alzheimer – ces troubles de mémoire lui font répéter cette TERREUR annuellement . Mais pourquoi cette simple constatation ne fait pas anéantir ce cycle de l’absurde?
1600 dpe en 3 ans c’est beaucoup pour un seul homme !
Pour ma part, je pense que l’inspecteur quand il constate un travail manisfestement bâclé (par exemple mesures particulierement arrondies ou grossières influençant le résultat mais non contestables vu l’absence de spécification métrologique dans la méthode 3cl) , il cherche la petite bête pour faire chier.
Personne n’est parfait, surtout dans un contexte réglementaire aussi aléatoire, mais l’indigence d’un travail, ça se voit, et comme la tendance est à l’irréprochable, ils ne feront pas de cadeaux à ceux qui ne se foulent pas.
Sans te juger car je ne connais pas ton travail mais il n’y a pas de fumée sans feu, et je dis ça car malgré 35 ans d’expérience en thermique et 18 dans le diag, moi aussi je fais des erreurs, mais je n’ai pas de problème lors des contrôles car je cherche à tout prix le travail irreprochable qui me coûte vu les tarifs actuels, et je pense que l’OC en tient compte car ça se voit.
C’est certain que la sanction est rude vu le niveau des magouilles qu’on observe régulièrement mais c’est le prix à payer pour épurer le marché et faire remonter les prix, je ne vois pas d’autres solutions efficaces que le flicage.
D’où l’intérêt (peut être) de ne pas choisir d’OC qui a une filiale OF afin d’éviter tout risque de conflit d’intérêt ?
Pour positiver, dites vous que ceux qui font nimporte quoi vont théoriquement dégager (l’espoir fait vivre) et que ça devrait vous rendre la vie future plus agréable.
Bonjour Stéphane,
Je pense qu’il y a eu un malentendu dans ton raisonnement. Les tarifs ne vont pas augmenter, car il s’agit d’une filière de reclassement. La concurrence ne sera donc jamais équitable. Beaucoup de grandes structures ont leur propre centre de certification et de formation, ce qui leur permet d’opérer à des coûts bien moindres qu’un indépendant. Cette disparité fausse totalement le jeu.
De plus, ce « flicage » constant met surtout en difficulté les petites structures. Cela devient un frein face à une clientèle déjà réticente à payer plus cher son DPE. Ce genre de pression ne fait qu’alourdir les opérations des indépendants sans offrir de réelle valeur ajoutée au marché.
Par ailleurs, concernant les 1600 DPE réalisés sur trois ans, cela revient à environ 2 à 3 DPE par jour ouvré, ce qui est tout à fait normal pour un diagnostiqueur à plein temps. Ce n’est donc pas un chiffre qui sort de l’ordinaire ni qui devrait soulever des suspicions.
Enfin, il ne faut pas oublier que si les grandes boîtes peuvent absorber ces contraintes grâce à leurs moyens, les petits opérateurs, eux, n’ont pas cette marge de manœuvre. Cela creuse encore plus l’écart, et, en fin de compte, ne sert qu’à rendre le marché encore moins juste.
Bonjour,
Un diagnostiqueur salarié d’une grosse boîte, n’est t-il pas soumis aux différents contrôles tel un diagnostiqueur indépendant ?
Bonjour,
Si, il y est soumis, mais c’est son employeur qui prend en charge ces obligations, donc en l’occurrence la grosse boîte.