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Autopsie d’un reportage à charge

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Encore un énième reportage à charge sur le DPE. Malgré sa consternation, la rédaction du Quotidiag a décidé d’en rire plutôt que d’en pleurer. C’était au 20H de TF1, le 12 janvier 2023. Les téléspectateurs ont assisté à une « enquête » sur la fiabilité des diagnostics énergétiques. La chaîne a filmé, avec ses « caméras discrètes », les techniciens et leurs interventions. Vous pouvez (re)voir la vidéo de TF1 (après la pub). Mais que montre-t-elle réellement ? Décryptage.

Diagnostiqueur n°1 et n°2 : les mauvais diagnostiqueurs 👎

Les journalistes exultent : « le premier arrive, il va passer 30 minutes dont 29 – on a compté – assis devant son ordinateur ». Oh là là, ce n’est vraiment pas de bol ! Il y a environ 8 000 diagnostiqueurs immobiliers certifiés en activité en France. En prenant un technicien au hasard, ils ont réussi à tomber sur le plus incompétent !

Attention, l’image ci-dessus montre, à la vingt-neuvième seconde du reportage, l’unique instant où le technicien n°1 se lève. Quand on sait à quel point c’est un métier physique qui oblige à se déplacer, grimper, se faufiler, etc., il fallait le trouver celui-là. Car non, heureusement, ce n’est pas du tout la norme. Quant au 2e technicien, il n’y a pas grand-chose à en dire si ce n’est qu’il a perdu ses illusions : « pour moi, le DPE, il ne vaut rien ! ». L’information a dû faire plaisir à l’équipe de télé.

Diagnostiqueur n°3 : le bon diagnostiqueur 👍

Comme par hasard, le diagnostiqueur qui fait du bon boulot est le seul à avoir été informé de la présence des caméras. Ainsi, le spectateur peut s’imaginer qu’en l’absence de reportage, l’opérateur aurait bâclé son diagnostic.

Cependant, merci infiniment à Pierre, de l’entreprise Diags Conseils, pour cette belle intervention. Voilà un opérateur soucieux de bien faire son travail… comme il y en a beaucoup, beaucoup, d’autres ! Malheureusement, après cette démonstration de professionnalisme, Pierre subit la vidéo du président d’une fédération. En effet, ce dernier va lui expliquer qu’en général, les diagnostiqueurs, ils sont mauvais.

La surprise : La fédération Fed Experts s’exprime 😯

 « On a beaucoup, beaucoup, de personnes qui exercent sans certification, qui ne font pas de formation au nouveau moteur de calcul donc qui font des DPE erronés, et derrière on perd en crédibilité. On a un outil qui est formidable et nous on est là pour tirer la sonnette d’alarme car c’est vraiment inquiétant. »

Nous ne sommes pas d’accord avec ces affirmations. Pour nous, dans le cadre de cette enquête, il aurait été bienvenu de prendre la défense de la filière. Nous pensons que l’exercice sans certification n’est pas monnaie courante. En outre, les formations au nouveau DPE ont attiré de nombreux participants. Quant à l’outil « formidable », rappelons que c’est la méthode de calcul imposée d’un DPE maintes fois fiabilisé… Et encore en cours de fiabilisation cette année.

Diagnostiqueur n°4 : la réalité d’un grand groupe 🚩

Simon Chicot a au moins le mérite de dénoncer cette usurpation de certification par un grand groupe qui était son employeur. D’une part, un gros groupe n’est donc pas forcément plus digne de confiance qu’un diagnostiqueur solo ou une petite structure.

D’autre part, à l’heure où il est souvent question d’instaurer une certification d’entreprise, mieux vaut rappeler ces pratiques. Si, aujourd’hui, les grands groupes sont capables de faire ça, qu’en sera-t-il si on leur donne la certification d’entreprise ?

Le petit mot de la rédac’ de Quotidiag aux journalistes de TF1 📝

Chers amis journalistes, si vous cherchez des diagnostiqueurs compétents, n’hésitez pas à nous solliciter ! Nous en connaissons pleins. Dans leur grande majorité, les professionnels ont à cœur de faire du travail de qualité, contrairement à ce que votre enquête prétend. Par ailleurs, le monde du diagnostic immobilier se cantonne-t-il au DPE ?

Pourquoi ne montrez-vous jamais l’essentialité du diagnostiqueur immobilier dans le cadre des diagnostics sécuritaires ? À voir vos reportages, écrits ou filmés, on en viendrait à croire que seul le DPE existe. Pourquoi ne pas rappeler que les diagnostiqueurs ont contribué à l’éradication du saturnisme infantile avec le diagnostic plomb ? Qu’ils sauvent des vies en détectant un DGI sur des installations de gaz ou un risque d’exposition à l’amiante ?

Honnêtement, nous avons le sentiment que vous prenez les professionnels pour des buses. Voilà bientôt 20 ans que les diagnostiqueurs œuvrent pour l’amélioration de l’habitat en France. Alors, à quand un reportage positif et réaliste sur le métier de diagnostiqueur ?

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5 Commentaires

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  1. B
    Bruno 16 janvier 2023 - 12h20

    Je suis assez étonné que TF1 n’ai pas jugé opportun de souligner l’importance des informations d’entrée. Pour conclure:
    -effectivement une maison de 150 m2 en 1 heure c’est rondement mené.
    -les 2 techniciens « rapides » arrivent à une classe E , le plus « consciencieux » a F. Chers propriétaires , privilégiez les tocards.
    – sur 3 techniciens, tous fournissent les rapports à la volée à l’issue de la visite. C’est à mon avis le plus gros travers. Un DPE demande un minimum de réflexion surtout sur une maison individuelle. Pour ma part la saisie et le tri des infos d’entrée me prennent au moins autant de temps que le repérage. J’aurais apprécié que TF1 indique le prix de chaque intervention.
    Pour finir l’intervention de la fédération de diagnostic est lunaire. Combien d’adhérent compte cette fédération ?

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 16 janvier 2023 - 12h33

      TF1 consacre quelques secondes à l’importance « de donner tous les documents » via la brève interview de Fanny Guibert (cheffe de rubrique de 60 millions de consommateurs), à la 3e minute environ du reportage. Mais cette information manque à propos de la maison diagnostiquée, comme d’habitude dans ce genre d’enquête.
      Sauf erreur de ma part, le prix de chaque intervention est indiqué à 2:19 (160 € pour le 1er, 230 € pour le 2e et 290 € pour le 3e).
      Votre remarque à propos des rapports à la volée à l’issue de la visite est très intéressante, merci. Ce travers méritait en effet d’être souligné.
      Pour le reste, nous partageons votre avis et votre étonnement.

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  2. J
    Jose 16 janvier 2023 - 21h36

    Reportage qui reflète la volonté de nuire de mépris de négativité
    Des journalistes qui adorent monter les gens à torts entre eux-mêmes

    Aucun intérêt reportage nul
    1 diagnostiqueur choisi qui se prend pour une star 2 autres inconnus

    Des témoignages bidons

    La réalité n’est pas ça du tout et heureusement

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  3. Y
    Yacine de la société DIAGNOSTICS CORPORATION 17 janvier 2023 - 12h55

    Un diagnostiqueur qui reste 30min ( avec une facturation à 160e ) tandis que son confrère passe 2h30 en facturant le double de la prestation, il y a de quoi se poser des questions ?

    Exerçant en région parisienne, si vous saviez le nombre de DPE que je refait chaque mois emanant de pseudo-diagnostiqueur qui ternissent notre profession avec , en ligne de mire, un seul objectif : le volume !!!!

    Lorsque vous faites des devis via les grandes plates-formes du diagnostics immobilier ( pas besoin de les citer, on les connait toutes …) pour un package totale vente d’une maison de 150m2 pour un tarif de 219e ttc, mais comment voulez-vous être crédible ???

    Tant que les diagnostics  » discount  » resteront monnaie courante, ce genre de pratique perdurera dans le temps ( malheureusement..).

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  4. M
    Michaël 18 janvier 2023 - 16h27

    Malheureusement la presse actuelle (télévisuelle, papier, radio, etc…) est une presse à scandale, on fait plus d’audience à montrer ce qui ne va pas que ce qui va.
    Peu importe le sujet, le but est de faire de l’audience et donc du pognon que d’informer le public.
    Pour ma part j’ai arrêté depuis longtemps de m’informer, à mon grand regret, auprès de la presse française car peu importe la ou les situations, un verre à moitié plein est toujours mieux que celui à moitié vide.
    Aujourd’hui c’est notre métier, nos compétences qui sont remis en cause et bizarrement la guerre en Ukraine passe au second rang, pour ne citer qu’un exemple.
    J’aspire à ce que les choses changent mais à mon niveau je m’exerce chaque jour à faire correctement mon travail et surtout à communiquer avec mes clients afin de leur faire oublier ce qu’ils ont pu voir ou entendre auprès de cette presse négative.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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