Nikolaj Villumsen est déçu par la proposition visant à renforcer la protection des travailleurs contre les risques liés à l’amiante dans l’UE. « It must be a joke – but a bad one » (ce doit être une blague, mais une mauvaise blague). L’élu européen danois est auteur du rapport sur la Protection des travailleurs contre l’amiante, adopté par le Parlement européen en 2021.
Valeur limite d’exposition à l’amiante trop élevée
Le 8 décembre 2022, le Conseil européen a présenté sa proposition de révision de la directive sur l’exposition professionnelle à l’amiante. Les mesures semblent progressistes :
- Abaissement du niveau d’exposition professionnelle à l’amiante à 0,01 f/cm³.
- Obligation d’utiliser la microscopie électronique pour le comptage des fibres d’amiante.
Mais pour le député Nikolaj Villumsen, cette valeur limite, proposée par la Commission européenne, reste trop élevée. Celle exigée dans le rapport Villumsen et décidée au Parlement européen, était de 0,001 f/cm³. Selon l’agence européenne des produits chimiques (AEPC / ECHA), aucun niveau d’exposition à l’amiante n’est inoffensif.
« Fixer une valeur limite aussi élevée revient à jouer avec la vie et la santé des travailleurs du bâtiment et des artisans ». Au Danemark, aucun travailleur ne peut être exposé à une concentration supérieure à 0,003 fibre d’amiante par cm³. L’élu écrit donc : « L’abaissement de la valeur limite est extrêmement important dans un contexte européen où les travailleurs sont constamment exposés à 3 fois plus d’amiante qu’au Danemark ».
Par ailleurs, les États membres auraient 7 ans pour mettre en œuvre la microscopie électronique. Cette période de transition lui semble beaucoup trop longue.
Critique des mesures de la Commission européenne
Lorsque la Commission européenne avait présenté ses propositions pour un avenir sans amiante, le député européen se montrait déjà critique. M. Villumsen se félicitait des mesures enfin prises pour mieux protéger les travailleurs et la population. Mais, outre la limite d’exposition trop élevée, il réagissait notamment au dépistage obligatoire.
« Cette proposition de dépistage obligatoire de l’amiante dans les bâtiments risque d’arriver si tard qu’il n’est pas certain qu’elle puisse être finalisée avant les prochaines élections européennes ». Ces dernières seront organisées en 2024. Or, l’horloge tourne. Avec la vague de rénovations énergétiques prévues en Europe, le désamiantage des bâtiments est urgent.
Concernant la concentration en fibres d’amiante par centimètre cube, la Commission européenne justifiait sa décision par des enjeux économiques. Le coût d’un tel abaissement (à 0,001 f/cm³) serait trop important pour certains États membres. « Il faut cesser de jouer avec la vie des travailleurs du secteur de la construction juste pour économiser de l’argent sur la formation et les équipements », répond le député danois. En résumé :
« La proposition de la Commission était inadéquate ! La position du Conseil est bien trop faible ! Il appartient clairement au Parlement européen d’assurer aux travailleurs la protection dont ils ont besoin et qu’ils méritent. »
Mesures proposées par Nikolaj Villumsen au PE
Nikolaj Villumsen propose de « réviser la révision » de la directive en incluant 5 exigences :
- Supprimer les exceptions qui permettent de s’écarter de la directive.
- Obliger les personnes qui réalisent des prélèvements à être formées et certifiées.
- Rendre obligatoire le diagnostic amiante avant des travaux de rénovation énergétique.
- Contrôler les compétences des entreprises qui travaillent avec de l’amiante.
- Abaisser la valeur limite à 0,001 fibre d’amiante par centimètre cube.
Enfin, « le Parlement européen doit maintenant garantir une révision ambitieuse de la réglementation européenne sur l’amiante ».
Les citations de Nikolaj Villumsen proviennent de ces articles :
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