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Accréditation COFRAC prélèvements d’air : parcours du combattant

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Nacer Rehab, président de NH Environnement, nous explique comment il a obtenu l’accréditation COFRAC pour réaliser des prélèvements d’air amiante. Le processus s’apparentait à un véritable parcours du combattant. NH Environnement est désormais une société accréditée, spécialisée dans les mesures d’empoussièrement en fibres d’amiante. C’est un laboratoire, situé à Palaiseau, qui travaille avec les entreprises de désamiantage et les diagnostiqueurs. Mais il a fallu lutter pour en arriver là.

Pourquoi j’ai décidé d’obtenir l’accréditation

Je venais du monde du diagnostic et j’intervenais souvent dans le cadre de l’examen visuel, première et seconde restitution. Je devais faire poser des pompes pour les fin de chantiers. Elles servent à vérifier qu’il n’y a plus de fibre d’amiante dans l’air.

Je sous-traitais cette partie qui pouvait coûter plus cher que ma prestation. J’ai rencontré un gars qui faisait le chemin inverse, il allait vers le diagnostic. Nous en avons discuté.

Sur la partie clientèle, on avait des relations. Alors nous avons décidé d’obtenir l’accréditation COFRAC pour les prélèvements d’air. Je ne savais pas que ce serait lourd à ce point, sinon j’aurais hésité à me lancer.

Un système lourd à mettre en place

Le processus est long et coûteux. Il y a beaucoup d’aspects à maîtriser. L’aspect technique est primordial mais il faut aussi maîtriser l’aspect qualité, de la partie administrative, etc. Il y a de nombreuses instructions, la vérification de la mise en application, tout doit être bien répertorié…

Sur la partie diagnostic, il faut être certifié et faire des rapports conformes. Il y a des contrôles derrière, mais rien de comparable. Là, le système qualité vérifie de A à Z tout le fonctionnement : les employés sur la partie RH, les fiches de fonction, les maintiens de qualifs, etc. J’ai dû prendre une personne, spécialisée dans la création de labos, pour externaliser la partie qualité. Elle m’accompagne encore aujourd’hui. En tout, j’ai mis 2 ans avant d’arriver à la première évaluation COFRAC.

Formation et difficultés financières

Les formations coûtent extrêmement cher, rien à voir avec le diagnostic. Il faut suivre des formations sur la partie technique et sur la partie qualité. Tout ce qui relève des prestations intellectuelles est hors de prix. Il faut compter 1 200 € la journée sachant qu’il y a aussi des frais derrière (hôtel, transport…), ça monte très vite.

Et puis, il n’y a pas vraiment de garanties. Quand on achète du matériel, on paye, on sait, on le tient entre nos mains. Ces formations ont une valeur intellectuelle donc c’est un peu particulier. Si ça ne se concrétise pas derrière, c’est comme vendre du vent. Le budget, évalué au début, a explosé ensuite. Bon, comme d’habitude, on a beau faire un budget prévisionnel, il y a toujours des imprévus.

Des banques très réticentes

J’ai rencontré d’énormes difficultés au niveau des banques. Les banquiers me disaient : si vous n’avez pas l’accréditation, nous pouvons pas vous accorder le crédit, car sans elle vous ne pourrez pas travailler, donc vous ne pourrez pas rembourser. Mais moi j’ai besoin du crédit pour pouvoir passer l’accréditation. C’est le serpent qui se mord la queue.

C’était hyper compliqué. Même des banques avec lesquelles je travaillais depuis longtemps me répondaient que c’était impossible. J’ai vraiment contacté beaucoup de banques et essuyé plusieurs refus. Je n’ai pas baissé les bras. Finalement, j’ai quand même réussi à obtenir un crédit qui nous a sauvés parce que nous arrivions à une date limite. Heureusement, ça s’est débloqué.

Impressionnante évaluation du COFRAC

L’évaluation en soi du COFRAC dure 2 jours. Mais sur 2 journées, ils épluchent vraiment tout le système qualité de A à Z. S’ils manquent une virgule, ils la voient. Ils contrôlent l’historique, les qualifications, l’absence de conflit d’intérêt, le matériel, etc. Ils ont finalement estimé que le système était viable. Mais ce n’est jamais terminé.

Nous aurons bientôt la 2e évaluation pour passer à l’application. Il y a une réévaluation tous les ans. Ils contrôlent comment vous faites un prélèvement, comment vous nettoyez les pompes, la rédaction du rapport… Il faut se remettre en question chaque année car le risque d’être suspendu est toujours présent. On ne peut pas se relâcher.

Satisfaction d’y arriver malgré les obstacles

Au niveau personnel, c’est aussi très contraignant. J’avais quand même des notions et malgré tout, ça m’a pris 2 ans. Je devais repartir en formation et apprendre vite, car le temps c’est de l’argent. Il fallait aussi que je fasse du diagnostic puisque je devais bien gagner ma vie. Je cumulais deux emplois. Il y avait beaucoup de stress et de pression.

J’ai passé des nuits blanches mais ça a payé. Je ne dirais pas que c’était une expérience positive. Mais bon, ça m’a forgé, j’ai appris des choses, j’ai réussi malgré les obstacles, et il y a donc quand même du positif. À la limite, la clientèle, c’était la partie la moins difficile même s’il y a pas mal de concurrence. Dès que nous avons été accrédités, nous avons commencé à travailler. Mais pour le reste, il fallait se battre sur tous les fronts.

Analyser la situation avant de se lancer

Il faut monter tout un système, le maîtriser et le faire vivre. Qu’est-ce que je dirais à quelqu’un qui hésite à se lancer ? Je lui déconseillerais fortement de s’engager dedans sans vraiment savoir où il va. Même au niveau business, les prix sont tirés vers le bas. Je pense qu’il y a beaucoup de concurrence. Ce qui fait la différence pour moi, c’est le fait de connaître déjà les désamianteurs, d’avoir une base de clients sûrs derrière.

Parce qu’en fait, ça coûte tellement cher qu’il faut plutôt prévoir sur 4 ans : 2 ans pour être accrédités et 2 ans pour remonter la pente. Bref, il faut vraiment y réfléchir. Je n’ai aucun regret. Comme j’avais mis pas mal d’apport personnel, qui sinon serait perdu, j’étais dedans et j’ai nagé jusqu’au bout. Mais, avec le recul, je ne sais pas si je le referais.

NH Environnement est accrédité COFRAC

Maintenant, depuis bientôt 1 an, nous réalisons des prélèvements d’air. Nous travaillons, en tant que laboratoire, avec des sociétés de désamiantage. Les désamianteurs passent par nous dans le cadre du Code du travail, des obligations des employeurs, et du Code de la sante publique. Ils doivent vérifier qu’il n’y a pas de poussières d’amiante dans l’air avant de délivrer le chantier à tous corps d’état.

Les diagnostiqueurs nous contactent aussi, notamment ceux qui font des examens visuels et seconde restitution. Nous intervenons également pour tout ce qui est matériaux amiantés de la liste A (faux plafonds, calorifugeages et flocages) quand ils sont en mauvais état, pour les contrôles périodiques… Avec cette accréditation COFRAC, nos compétences sont reconnues.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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